Les syndicats étudiants et les organisations syndicales de salariés dignes de ce nom ont compris que la loi « Travail » remettait en cause les principes fondateurs de notre démocratie française et en particulier les lois de 1910 sur le Code du Travail et celle de 1919 sur les Conventions Collectives Nationales de Travail.
Prenons un exemple :
Le projet de loi fusionne les comptes de formation et de pénibilité, ainsi qu’un « compte engagement citoyen » dans un compte personnel d’activité (CPA). Seraient ensuite appélées à intégrer le CPA: la V.A.E, les allocations chômage, le compte-épargne-temps, les congés payés, les indemnités de rupture de contrat de travail, etc. Tout cela converti en « points fongibles » ou « points transportables ».
Avec le CPA, il reviendrait au salarié d’arbitrer en permanence ses droits « personnalisés » (Merci à l’OS-UD.FO44)
Ainsi chacun serait déclaré maître de sa vie professionnelle, sans attache aucune avec un employeur que celle qu’il parviendrait à négocier au coup par coup avec un offreur de travail.
Finie la vie d’équipe, terminées les notions d’organisation collective, de collaboration et de solidarité.
Adieu à la notion même de Service public!
Quel bonheur pour le Medef d’avoir à faire à des millions de petits entrepreneurs, tous concurrents et tous précaires forcément, sur un marché totalement ouvert!
Vous allez dire que je dramatise. Peut-être mais c’est ça l’enjeu:
Chacun pour soi et dieu pour personne!
Arlequin, comme toi, je suis un peu désemparé. Il me faudrait 10 pages pour écrire ce que je pense de cette mutation que l’on subit où dont on profite. Mais je vais éviter, je ne m’appelle pas Yann Moix.
A mon sens, l’industrie européenne est vouée à disparaître (ou alors à embaucher des travailleurs étrangers acceptant d’être payés au raz des pâquerettes). En France, l’industrie automobile emploie encore bcp de monde parce que c’est compliqué de tout délocaliser rapidement, mais ça se fera bon an mal an. Nous allons nous retrouver dans un pays sans industrie mais avec plus de tertiaire car il faudra plus de monde pour gérer les flux de marchandises, les formalités, les contrôles qualité etc. Je pourrais écrire plus là-dessus mais l’idée est là.
C’est pour ça qu’à mon sens, aussi louables soit le combat des syndicat, c’est un combat d’arrière-garde, ils savent très bien qu’ils jettent leurs dernières forces dans une bataille perdue d’avance.
Côté positif, on polluera moins (bien qu’il faudra bien importer tout ce qu’on fabriquait avant par cargos, avions, camions). Comme la nature (Tchernobyl est devenue une forêt vierge, des cerfs et des sangliers errent dans les avenues dont les arbres ont réussi à perforer le bitume ), l’économie a horreur du vide et on ne va pas se retrouver avec 20 millions de chômeurs qui bossaient dans l’industrie. Le tertiaire va en absorber une bonne partie et pour le reste, il faudra développer le tourisme et généraliser une agriculture soucieuse de l’environnement qui demandera forcément plus de main d’oeuvre. Je balance tout ça en vrac mais les choses vont changer, c’est clair…c’est pour ça que CGT, CFDT et cie, pour moi abattent leurs dernières cartes. Il faudra ensuite qu’ils se recyclent, il y aura toujours des travailleurs à défendre, ce ne sera plus le même environnement mais quand même, il faudra les défendre car le système restera capitaliste.
Un autre point : il faut arrêter avec le pouvoir d’achat. Je t’assure que je connais personnellement des couples qui bossent au SMIC (1200€*2) et qui s’en sortent bien, 2 voitures, partent en vacances, possèdent 3 smartphones avec abt etc etc. Gagner plus pour gagner plus n’est pas une fin en soi,il faut arrêter avec ça, l’argent n’est pas la valeur ultime et ce n’est pas parce qu’on n’a pas le dernier Samsung qu’il faut se sentir malheureux.
Moi, je vis de peu mais je vis le quotidien intensément. Le quotidien m’offre plein de surprises gratuites. Le printemps est gratuit ! les rapports humains et l’amour sont gratuits, les balades sont gratuites, la lecture est gratuite, la musique est gratuite.
Les sdf..oui évidemment mais ce ne sont pas les syndicats qui les défendent. Je te l’ai déjà dit mais mais grand-mère me disait que « dans le temps », des vagabonds erraient dans les campagnes et dormaient dans les granges. Dans les villes, il y en a toujours eu , je ne dis pas que c’est une fatalité mais c’est un problème plus structurel que conjoncturel.
Je suis peut-être un peu trop positif mais je préfère.
J’arrête là sinon, je serai encore à écrire à minuit.
A +, camarade-)
merci pour ton long message plein de bon sens, Loïc.
Arrière-garde ou pas, je pense quand même que c’est dans la lutte qu’on garde sa dignité ! Non ?
Oui, même si elle est vaine.
Les luttes ont servi dans le passé ; tous les acquis sociaux viennent des combats syndicaux mais l’économie n’était pas globalisée et les patrons pouvaient moins exercer de chantage comme ils le font (à mots couverts ou pas) aujourd’hui.
c’est vrai que le fort taux de chômage complique la donne!
Mais les patrons ont toujours défendu leurs intérêts avec acharnement, aidés par les gouvernements!
(cf les 2 docs « Nous les ouvriers » qui passent à la télé en ce moment, le deuxième ce soir)