Déterrer les cadavres!

Vu le beau documentaire d’Eric Caravaca « Carré 35 ».
Recherche d’une grande soeur disparue à l’âge de 3 ans sans laisser de traces. Pas de photos, pas de films, rien, la maman a tout brûlé. Pourquoi ce silence ? Pourquoi ces erreurs, ces mensonges lorsqu’Eric questionne ses parents ?
Sa tombe est au cimetière français de Casablanca mais personne n’y est jamais allé.
Eric a besoin de savoir, pour expliquer cette tristesse infinie qui l’a saisi alors qu’il se trouvait dans un cimetière pour enfants en Suisse.
Ce film très fort et très beau m’a posé beaucoup de questions:

Pourquoi ce besoin de déterrer les cadavres ?
Pourquoi ce désir de dévoiler, de mettre en lumière ce qu’on a pris grand soin de cacher ?
Pourquoi avons-nous tant besoin de placer des mots sur un ressenti ?
Les rapports familiaux sont-ils si puissants qu’on se donne la peine d’enquêter, de pousser ses parents dans leurs retranchements pour connaître la « vérité » ?
Existe-t-il une vérité d’ailleurs, alors qu’on sait bien que chacun fabrique la sienne propre ; les souvenirs d’enfance ne sont-ils pas recréés en fonction de sa propre histoire, des rancoeurs et des rancunes ?
Quel est vraiment l’enjeu de cette quête ?
Une quête personnelle identitaire ? un besoin de débusquer dans la vie de ses parents, ce qui les a animés, rendus heureux, malheureux ? Une envie de les réconcilier avec un passé douloureux ?
Resituer sa petite histoire familiale dans la grande Histoire ?

Allez-y, vous me direz !

3 réflexions au sujet de « Déterrer les cadavres! »

  1. Non pas déterrer… mais savoir, comprendre…
    Mon père est mort quand j’avais 6 ans et 9 mois…
    Imagine le reste… Un jour nous pourrions en parler si ça t’intéresse.
    Dans mon livre tout un chapitre lui est consacré… j’ai découvert ce qu’il m’avait apporté, même absent « physiquement »…

  2. oui Françoise, la question est de savoir ce qui est nécessaire à un enfant pour se construire et la clarté des images des figures originelles est indispensable sans doute. (c’est pourquoi par exemple c’est tellement grave lorsque l’un des parents disqualifie l’autre, après une rupture ou pas !) Mais, ce que j’interroge dans ma note c’est le besoin qu’éprouve un adulte de remuer le passé, souvent douloureux, et, ce faisant, les risques qu’on prend ! En particulier j’émets des doutes sur la prétendue « vérité » qu’on prétend faire apparaître en creusant la mémoire de chacun !!! Cette « mise à plat » m’interroge .
    merci pour ton témoignage précieux Françoise.

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