Je me suis toujours demandé pourquoi François Rabelais dont il nous reste tant d’expressions courantes comme « pantagruélique », « gargantuesque », « mouton de panurge », « substantifique moëlle », « dive bouteille », avait été autant oublié ou caricaturé.
Le caractère « énorme » de ses contes a pris le pas sur le fond du message profondément humaniste.
Sa vocation de médecin soucieux de sortir des superstitions de l’époque, son esprit libre, sa grande érudition, sont pour nous, aujourd’hui, une formidable leçon de vie et de tolérance.
Ecrivain de la Renaissance, Rabelais défend l’indépendance du pouvoir civil vis à vis de l’Eglise et, sans renier sa foi et son attachement à Rome, prêche pour une Chrétienté ouverte, joyeuse, soucieuse de réconcilier le corps et l’esprit, de libérer l’homme plutôt que de l’asservir à des dogmes intangibles.
Philosophe des « Lumières » avant l’heure, que dirait-il maintenant alors que la crasse nationaliste et la bêtise guerrière semblent enfler partout dans le monde ?